L'envol des sacs plastique
Le sac de plastique blanc volait au vent quand Thomas s'en empara.
Il le fit voler en le tenant à bout de bras, mais un regard de côté à la maîtresse lui fit croire, à tort, que c'était interdit.
Lâché, le sac revint de lui-même en arrière et devint l'attraction de Martial qui le lança en l'air, dans l'espoir de le voir redescendre tel un parachute.
Hélas !Le sac redescendit plus vite que prévu, aidé probablement par le vent un peu fort qui soufflait ce jour-là dans la cour de récréation, et vint se coller contre les jambes de Mélinda.
Celle-ci s'en défit prestement.
Le sac continua donc son chemin sous le préau, sautant, voletant, se collant aux chevilles des enfants.
Il fut arrêté dans sa danse folle par Maxime qui le plaqua à terre de son pied rageur. Sébastien voulut alors le ramasser mais le laissa retomber aussitôt, dégouté, en s'apercevant qu'il avait trempé dans les flaques d'eau.
Et voilà notre sac voyageur reparti à l'aventure.
Pas pour très longtemps, car Xavier l'intercepta avant qu'il ne franchisse les limites du préau. Mais le vent était le plus fort et d'une bourrasque obligea Xavier à lâcher prise.
Devant une rangée d'enfants déçus, l'objet volant bien identifié passa alors la ligne interdite entre le préau et la cour, ligne invisible qu'il ne faut pas franchir en cas de pluie au risque de se faire punir.
Mais...oh, stupeur, oh joie! Une demi-douzaine de sacs arrivèrent d'un seul coup sous le préau, venant d'on ne sait où, envoyés de la rue toute proche par un vent complice et fripon.
Avant de finir en charpie, ils firent le bonheur d'une dizaine d'enfants piailleurs et joyeux.
Qui a dit que les enfants avaient besoin de jouets onéreux pour s'amuser ?
La suppression progressive des sachets plastique (sacs ou poches selon les régions) nous privera certainement du ballet improvisé que le vent leur fait jouer et c'est un bien pour l'environnement, bien entendu.
Mais il faut avouer que l'envol d'un sac plastique a quelque chose de fascinant.
Voir cet extrait d'Américan Beauty
Autre exemple (dont j'ai déjà parlé sur ce blog) d'interaction entre l'air et les sacs plastique : celui du spectacle "Après-midi d'un foehn" interprété par la Cie Non Nova qui met en scène des sacs plastiques aux formes de bonhommes mus par l'air de gros ventilateurs.
Alain Delorme a recomposé le vol des nuées d'étourneaux dansant dans le ciel en les remplaçant (en trompe-l'oeil) par des centaines de sacs plastique noirs emportés par le vent, pour dénoncer la pollution omniprésente que représente les sacs en plastique dans l’environnement. Le titre est "Murmurations". Un bien joli mot !